Ady D :

Très cher Joliejulien, vous et moi sommes liés par le passé. En effet, j’ai eu l’honorable occasion d’être votre professeur d’histoire de la littérature lorsque vous étiez encore jeune étudiant, en culottes courtes (rire d’Ady D.), à la « Art'n'Roll School » de Tournai. Depuis lors nos chemins se sont séparés puis recroisés à quelques occasions, et notamment lors de votre intervention à l’exposition « Vraiment zéro » au Centre Historique des Contemporains à Bruxelles. Si je devais décrire votre pratique artistique, je commencerais par citer vos médiums de prédilection. Dessinateur obsessionnel, vous avez également énormément recourt à la vidéo et à la photographie avec une utilisation parfois très impulsive de ces supports. Vous pratiquez aussi l’installation et cela, toujours dans un esprit de happening, voire de performances. Votre pratique est assez formellement variée mais toutefois très cohérente. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler un peu plus loin puisque aujourd’hui, vous et moi sommes à nouveau réunis afin d’honorer la commande d’une anonyme, dont on sait seulement qu’elle est riche, veuve et psychanalyste (rires d’Ady D.), et qui voulait qu’un volume de la collection « Conversation » vous soit consacré. Alors disons simplement que votre personnalité artistique et les pressions de cette anonyme influente méritaient bien réflexion de la part des éditions Tricycles, non ?


Joliejulien :

Oui. Je ne vois pas très précisément de quoi vous parlez. Je suis au courant de cette histoire de pression mais, même si je connais quelques personnes riches et si il est vrai que je fréquente quelques veuves, aucune d’entre elles n’est psychanalyste. Alors soit vous vous êtes fait berner, soit c’est vous qui avez inventé toute cette histoire Ady D. Avec tout le respect que je vous dois, reconnaissez néanmoins que vous en êtes tout à fait capable.


Ady D :

Quoi qu’il en soit, malgré ces circonstances mystérieuses, nos chemins se croisent à nouveau et l’occasion de converser avec vous est bien réelle et présente. Ayant suivit de près l’émergence de votre démarche artistique, je voudrais d’emblée la présenter aux lecteurs qui ne vous connaîtraient pas comme le savant mélange de réflexions conceptuelles les plus sérieuses (voire grave) avec un humour qui oscille entre le farfelu et le grinçant. Ne nous détrompons pas. Il s’agit ici moins de l’œuvre d’un esprit sarcastique ou purement provocateur que de celle d’une âme à la sensualité délibérément exposée, comme pour mieux assener au normatif le coup de pied haut en couleur qu’il méritait. Alors Joliejulien ; un artiste pas comme les autres ?

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