"Et si l’on se mettait à regarder en face le monde des pulsions, à envisager le non-sens, à promouvoir la critique, à reconnaître les non-dits ? Et si le contrôle n’était qu’apparence ? Et si le sentiment de maîtrise n’était qu’un mirage ? Et si tout cela n’était qu’histoire de communication, de perception, de représentabilité,….d’image en somme ?

La peinture de la Renaissance a longtemps interpellé JOLIEJULIEN rien que par sa volonté d’imposer sa vision du réel. Entre ces lignes de fuites, il a fallu construire des échappatoires au risque de voir se refermer complètement cette fenêtre ouverte sur le monde. Toute sa vie, Van Eyck s’efforça de signifier entre les coups de pinceaux qui ne pouvaient se dérober au cadre idéologique de l’époque.

Icône et religion, propagande et politique, publicité et idéologie,…..fond et forme n’ont jamais pu être entièrement dissocié. Non seulement l’image contribue au contrôle mais elle est ce contrôle lui-même. Aujourd’hui, plus que jamais encore, elle règne partout tel un slogan décoché à chaque coin de rue, tel un leitmotiv qui résonne à l’infini. Elle devient notre raison (d’acheter, de croire, d’être, de devenir). Depuis plus de dix années maintenant, JOLIEJULIEN travaille l’image envers et contre ce rôle établi. Dessins, photos, vidéos composés comme exploration de l’innommable, clichés étudiés et remaniés de manière à permettre au spectateur de se les approprier en dehors de toute directive. Images récupérées et remaniées de manière à donner à voir la folie, la pulsion, le rire, le bégaiement, la bêtise aussi. Réinstaurer l’humain au centre de l’image, c’est (dé)traquer son intimité, le mettre à nu, et chercher en lui, au plus profond, puis derrière, là ou ce n’est pas acceptable, et surtout entre les lignes, celles du cadre.

Ses portraits photographiques parlent moins de perdre la face que de la retrouver. La pornographie se vend encore très bien mais l’obscène se montre mieux. Qu’à cela ne tienne, il vous propose d’y plonger, mais pas n’importe comment, les yeux grands ouverts, en analysant les hors champ, en interprétant les reflets. Se frotter aux images à contre rôle est un sérieux et bizarre travail pour lequel il faut apprendre au raisonnable à parfois lâcher prise."